10 octobre 2010

La citoyenneté canadienne « diluée » à l'étranger?

Il y a deux mois, j'ai reçu une lettre d'Élections Canada:
Monsieur,
Nous vous informons par la présente que votre nom sera radié du Registre international des électeurs d'Élections Canada en date du ...
etc.
Je perds mon droit de vote, comme je vis aux États-Unis depuis cinq ans. (Évidemment, je peux le retrouver en déménageant au Canada.) Je savais que ça viendrait, et il y a déjà trois ans que je ne peux plus voter au provincial, mais ça m'a quand même fait quelque chose, et ça m'a fait réfléchir à la signification de la citoyenneté canadienne. Je m'explique.

Dans certains pays, la citoyenneté semble être une condition suffisante pour avoir le droit de vote (sauf pour les prisonniers, ce qui est un sujet intéressant, surtout aux États-Unis où la population carcérale est énorme, mais je n'en parlerai pas ici comme ça ne s'applique pas à moi!). Par exemple, les citoyens américains peuvent voter peu importe le temps passé à l'étranger ; aussi, une amie qui est née et a grandi au Québec et qui a aussi la citoyenneté française a le droit de vote en France. D'autres pays, à la diaspora plus importante, tentent explicitement de prendre en compte les citoyens expatriés : le sénat italien compte depuis 2001 quatre sièges pour les représentants élus par les citoyens italiens vivant à l'étranger (respectivement en Europe, Amérique du Sud, Amérique du Nord, et reste du monde) ; plusieurs pays est-européens ouvrent des bureaux de vote à l'étranger lors d'élections et référendums.

Alors que je perds mon droit de vote après cinq années passées comme étranger non-immigrant (étudiant) aux États-Unis, continuant à remplir mes rapports d'impôt au Québec et au Canada, je ne peux m'empêcher de penser que comme Canadien (et Québécois) à l'étranger je suis un peu moins canadien (et moins québécois) qu'un Français à l'étranger n'est français.

Je suppose sans vraiment savoir que cette clause de la loi électorale a une longue histoire et ne découle pas de l'esprit de la politique multiculturelle canadienne; par exemple, le Royaume-Uni dont nous héritons tant de caractéristiques politiques a une expiration similaire du droit de vote, mais après quinze ans. Mais je ne peux m'empêcher de spéculer que la loi serait différente si le Canada avait une identité nationale plus forte.

Je n'écris pas ce billet pour me plaindre, seulement pour dire que je constate que ma citoyenneté est diluée, et si c'était de moi, il en serait autrement. Même si j'ai toujours exercé mon droit de vote, une partie de moi pense comme cette partie importante de la population qui ne vote pas que je ne manque pas grand chose, mais je serais particulièrement triste de mon sort s'il devait y avoir, par exemple, un référendum sur la souveraineté du Québec sans que je puisse faire mon « devoir de citoyen.» Mais ce n'est pas dans les cartes pour cette année...

Avis aux politiciens: si vous promettez d'allonger la période, par exemple, de cinq à quinze ans, vous pourrez compter sur le vote de plusieurs Canadiens qui sont à l'étranger... Il me semble que ce serait une belle idée pour le Parti Libéral, comme M. Ignatieff a longtemps vécu à l'étranger, ou pour le Bloc, qui travaille à défendre l'identité nationale des Québécois.

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