La Terre de chez nous : Le Livre vert sera déposé dans quelques semaines
Kadhafi lit son livre vert (et s'apprête peut-être à renvoyer son cameraman) |
Note à moi-même : ne pas nommer un livre par une couleur. Ça a déjà été fait.
Kadhafi lit son livre vert (et s'apprête peut-être à renvoyer son cameraman) |
La présence depuis plus de 400 ans d’une majorité francophone sur notre territoire fait du Québec une nation singulière en Amérique.Il y a 400 ans... 2011 - 400 = 1611, plus de 400 ans veut dire au moins 1610, et la fondation de Québec est en 1608, donc selon eux en moins de deux ans il y avait déjà plus de Français que d'autochtones? Je ne veux pas m'enfarger dans les fleurs du tapis mais il y a longtemps que je trouve qu'une certaine frange nationaliste pas si marginale que ça se comporte en colonialiste envers les premières nations, et le fait que douze personnes signent un texte et que pas une d'elles se dise « peut-être qu'on pourrait changer un peu la formulation de cette phrase » montre que les premières nations ne sont pas du tout sur leur radar.
Le Québec indivis
L'attention des médias s'est beaucoup portée aujourd'hui sur certaines déclarations de Charest à l'effet desquelles un référendum sur la souveraineté du Québec rouvrirait la question de la divisibilité du Québec.
Je ne comprends pas pourquoi le PQ bondit autant. En fait, oui, mais la position ne se tient pas, du moins ce que j'en comprends. Selon eux, le Canada est divisible parce que le Québec forme une nation. Mais alors, ils ne peuvent pas refuser aux premières nations le droit de sécession du Québec... la triste réalité est que plusieurs de nos politiciens se comportent toujours en colonisateurs, et pas seulement Ghislain Lebel.
Bien entendu, il est probablement plus question ici du West Island que des territoires autochtones. (Et si la chambre des communes votait une motion selon laquelle le West Island constitue une nation? Cette question est plus profonde qu'elle n'en a l'air au premier abord... pensez-y!)
Je tiens à préciser que je ne souhaite pas la partition du Québec, pas plus que celle du Canada.
Non jamais je n'oublieraiCette ritournelle accrocheuse soulève beaucoup de questions maintenant que les petits téléspectateurs sont tous devenus des adultes rompus à l'analyse littéraire : qui est ce mystérieux coupeur de paille et de blé? Est-il si mémorable en raison de sa taille ou de son âge (« petit ») ou pour une autre raison? Il est possible que la comptine ne veuille rien dire et ne vise qu'à transmettre l'attachement au monde paysan à la jeunesse urbaine pour laquelle Passe-Partout a surtout été créée, mais ce serait un peu décevant...
Le petit coupeur de paille
Non jamais je n'oublierai
Le petit coupeur de blé
Le petit coupeur de paille
Le petit coupeur de blé
Le petit coupeur de paille
Le petit coupeur de blé
God save our gracious QueenJe dis « nous », mais je n'ai pas chanté cette chanson, pas pour une raison politique, mais parce que même si j'avais une connaissance « théorique » de God Save the Queen, je n'avais vraiment aucune idée de l'air, et j'ai été surpris de voir que les Canadians en chantaient même la moitié en français!
Long live our noble Queen
God save the Queen!
Qu'elle soit victorieuse
Heureuse et glorieuse
Que Dieu protège notre Reine
Vive la Reine!
Photo de +shaun noonan+ |
In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses, row on row
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.
We are the dead. Short days ago,
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved and now we lie
In Flanders fields
Take up our quarrel with the foe:J'aimerais le traduire en français... je vais peut-être commencer bientôt, mais attendre d'être un écrivain célèbre avant de la publier, parce que je fais face à une compétition sérieuse, et j'ai nommé la version officielle, dont je ne suis pas totalement satisfait et dont plusieurs d'entre nous connaissons au moins les premiers vers...
To you, from failing hands, we throw
The torch; be yours to hold it high.
If ye break faith with us who die
We shall not sleep, though poppies grow
In Flanders fields
Au champ d'honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts,
Nous qui songions la veille encor'
À nos parents, à nos amis,
C'est nous qui reposons ici,
Au champ d'honneur.
À vous jeunes désabusés,C'était une belle cérémonie, et je suis retourné au travail (pas de repos pour les élus et les damnés!) un peu plus en paix avec l'idée du Canada.
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d'honneur.
Je suis architecte.
J'étudie trop pour une profession où on apprend plus à la pratique, mais j'effleure quand même le travail, ici et là, maintenant à Tokyo, hier à Hanoi, au Vietnam.
Au Japon, c'est impossible de recevoir la moindre reconnaissance pour notre valeur professionnelle si on ne parle pas le japonais. Il faut plutôt apprendre à mettre notre sens critique à zéro, entrainer nos mains à accomplir des tâches comme le font les machines, tout en posant le moins de questions possible. Comme ça on nous fait bien comprendre que ça ne requérait effectivement aucune aptitude linguistique pour bosser chez les nippons. Je ne m'étalerai pas sur le Japon pour l’instant, mais pour des références sur les limites de l’amertume en sol asiatique, voir Stupeur et Tremblements (1999) d’Amélie Nothomb, ou bien sûr, Lost in Translation (2003) de Sofia Coppola.
Je choisis plutôt ici le Vietnam pour illustrer les quelques détours d’une langue étrangère dans la vie d'un jeune professionnel.
AH ! Le Vietnam.
J’y parle vietnamien, mais très modestement.
Je peux surtout y parler l’anglais avec une portée confortable. Ça fonctionne.
Mais je suis avant tout francophone. Et c’est là que ça devient rigolo.
L’architecture autre que celle vernaculaire (disons l’architecture au sens Beaux-Arts du terme) n’est pas réellement apparue au Vietnam avant que les français colonisent la région dans la deuxième moitié du 19e. Croyez moi, ceci est un billet qui essaie aussi d’être léger, je me permets donc quelques sauts chronologiques, pour dire qu’il existe au Vietnam toute une génération d’architectes (et donc de bâtiments) qui sont d’héritage « École des Beaux-Arts de Paris ». À un moment, le seul sceau d’architecte qui était valide était celui français. On gardait ainsi un bon contrôle sur la production architecturale. Les quelques pionniers vietnamiens qui ont pu aller étudier à Paris l’ont fait au moment où l’architecture mondiale passait de la « lourdeur » Beaux-Arts à la « légèreté » moderniste: un style international, avec des nouveaux procédés constructifs, des nouveaux outils, des nouveaux types de matériaux, des nouvelles technologies.
Que se passe-t-il alors, quand il faut trouver le vocabulaire pour cette nouveauté technique, dans une langue déjà à la portée du colonialisme ?
Vocabulaire Vietnamien … | … en Français |
| |
Bê tông | Béton |
Xi măng | Ciment |
Vít | Vis |
Tuốc nơ vít | Tournevis |
Ê cu | Écrou |
Bù loong | Boulon |
Cờ lê / mỏ lét | Clé à molette |
Cáp | Câble |
Ê ke | Équerre |
Com pa | Compas |
Mét | Mètre |
Lít | Litre |
Am pe | Ampère |
Đúp | Double |
Ga | Gare |
Xi lanh | Cylindre |
Cao su | Caoutchouc |
Vẹc ni | Vernis |
Amiăng | Amiante |
A xít | Acide |
Ca rô | Carreau |
Bi đông | Bidon |
Ba lô | Ballot |
Phin | Filtre |
Pin | Pile (batterie) |
Van | Valve |
Ăng ten | Antenne |
Côngtenơ | Conteneur |
… | … |
Lơ Cot-Buy-Giê | Le Corbusier |
Ép phen | Eiffel |
Ác si mét | Archimède |
… | … |
Et aussi pour la vie de tous les jours :
Gia nã đại | Canada |
Giăm bông | Jambon |
Kem | Crème glacée |
Xà phòng | Savon |
Phó mát | Fromage |
Cát xét | Cassette |
Sôcôla | Chocolat |
Bích quy | Biscuit |
Je ne connaissais que quelques mots, qui résonnent couramment dans le vocabulaire de tous les jours, mais je me suis aidé ici d’une liste relativement exhaustive trouvée sur un blog de jeune vietnamien. En bout de ligne, on y perd toutes idées de Beaux-Arts et même d'architecture. On bascule presque dans le "garagisme". Peu importe.
Dans toutes les langues, il y a beaucoup de mots en provenance des nouvelles technologies qui évidemment ont été internationalisés, mais ils sont presque toujours tirés de l’anglais.
Par exemple, cette semaine, j’apprenais à écrire en japonais (non, il n'est pas question du jeu de mots j'apprenais-japonais) :
コンピュータ, konpyuuta, computer, ordinateur.
Mais le degré d’étrange augmente quand, à l’autre bout de la planète, les mots de la vie courante sont empruntés au français, plutôt qu'à l'anglais. Ceci, bien sûr, dans la perspective qu’un héritage colonial infligé à un peuple puisse nous amuser, quand, quelques décennies plus tard, tout le monde est rentré chez lui.
Ça pourrait faire un beau jeu dans les partys de Noël : « Hey ! Devine qu’est-ce que le Viet raconte ! ».
Cô nhắc | ____________________________ |
Pê đê | ____________________________ |
Ca pốt | ____________________________ |
Xu chiêng | ____________________________ |
** Cognac – Homosexuel – Condom – Soutien-gorge